Une nette régression du taux d’insécurité est constatée dans la ville de Toliara ces derniers temps. D’après le commissaire central de la cité du Soleil, Pascal Randriamahasoa, cette amélioration de la situation est le fruit de l’étroite collaboration des forces de l’ordre avec les communautés villageoises, notamment à travers le « Jado ».
*Les Nouvelles : Depuis votre nouvelle affectation à Toliara, on a pu constater un fort déploiement des forces policières à travers la ville. Est-ce vraiment la raison de cette régression du taux d’insécurité ?
-Pascal Randriamahasoa : Avant de répondre à votre question, permettez-moi d’abord de vous présenter la ville de Toliara. Elle est effectivement différente des autres grandes villes où il y a la ville proprement dite ou centre-ville, référencée par le chiffre romain I, et les périphéries par II. A Toliara, il est n’est pas aisé de distinguer le centre-ville des zones périphériques. Ce qui rend difficile la délimitation de la ville, et par ricochet le champ d’action. Toutefois, pour mener à bien notre mission, nous sommes obligés d’aborder les communautés villageoises, dans le but de les sensibiliser pour réinstaurer l’auto-défense villageoise, connue ici sous le nom de « Jado ».
*Pouvez-vous nous apporter de plus amples explications sur ce « Jado » ?
– La différence entre le « Jado » et le comité de vigilance des quartiers, qu’on a l’habitude de rencontrer est qu’il y a une sorte de pacte (dina) qui lie les membres, composés uniquement d’hommes valides. Le non-respect de ce pacte par un membre n’est pas seulement passible du paiement d’une amende, mais pourrait entraîner la radiation à vie du concerné. De ce fait, quoi qu’il lui arrive, en malheur comme en réjouissance, il sera totalement ignoré de la communauté. De plus, le « Jado » est toujours sous l’égide des notables de la ville, en particulier des chefs de clan ou de tribu, connus sous le nom de « Hazomanga ». Grâce à l’instauration de ce système qui assure la sécurité à l’intérieur des quartiers, particulièrement au niveau des périphéries, on peut dire que la collaboration entre les forces de l’ordre et le « Jado » commence à porter ses fruits. Rien qu’en une semaine, trois attaques à main armée ont échoué, suivies de cinq arrestations. Et la liste ne s’arrête pas là car actuellement on procède à la recherche des complices, toujours en collaboration avec les membres du « Jado ».
*L’adoption d’un tel système n’amène-t-elle pas à des débordements comme les vindictes populaires ?
– En aucune façon. Tout est basé sur la sensibilisation et la conscientisation. Toutefois, des limites sont imposées aux actions du « Jado », notamment l’obligation de prévenir le plus vite possible les forces de l’ordre en cas de situation suspecte au lieu de se faire justice, justement. Le non-respect de cette disposition peut amener les éventuels « francs-tireurs » à être considérés comme des hors-la-loi. D’ailleurs, sous l’égide du procureur de la République, la gendarmerie et la police procèdent à de fréquentes sensibilisations allant dans ce sens au niveau des quartiers. « A titre de mesure d’accompagnement, nous patrouillons toujours la nuit sur les grands axes traversant la ville, et assurons une forte présence policière dans la journée. Tout cela afin de rassurer la population que nous sommes toujours prêts à intervenir. Grâce à cette étroite collaboration, le manque d’effectifs et de moyens est plus ou moins comblé dans la ville de Toliara, la preuve en est les résultats que nous savons tous aujourd’hui », a expliqué notre interlocuteur. Néanmoins, il est encore difficile pour le moment de prétendre à l’insécurité zéro, mais les résultats obtenus jusqu’ici sont encourageants.
Propos recueillis par Sera R.
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