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Tovo Rakotoarisoa est ingénieur en agroalimentaire. Du jardin d’enfants jusqu’à l’obtention de sa licence, il a passé sa vie dans un centre d’accueil. Interview.
. Les Nouvelles : A quel âge vous a-t-on introduit dans un centre d’accueil ?
– Tovo Rakotoarisoa : Après le décès de ma mère en 1993 et grâce à une de mes tantes, j’ai été accueilli, à l’âge de six ans, par le centre d’accueil SOS Village d’enfants de Vontovorona. Au premier abord, j’ai été séduit par l’environnement du centre avec toutes ses infrastructures. A l’exemple de la surface des maisons et la beauté des espaces de jeux et du jardin. Ce qui était totalement différent du milieu d’où je venais. Dès cet instant, j’avais déjà senti que ma vie allait changer.
. N’aviez-vous pas eu à cet instant-là une certaine nostalgie du milieu que vous veniez de quitter ?
– Pas du tout, pour deux raisons. Premièrement, une de mes sœurs ainsi que mon frère aîné avaient été adoptés par ce centre en même temps que moi. La plupart du temps, on était toujours ensemble. Et, deuxième raison, on avait désigné deux des assistants sociaux du centre comme étant nos parents. D’ailleurs, pour moi, ils le sont toujours. Comme de vrais parents, ils nous ont toujours encadrés depuis le jardin d’enfants jusqu’en classe de onzième, aucun problème majeur ne m’a affecté durant ces moments-là.
. Que s’est-il passé ensuite ?
– Toujours à la charge du centre, j’ai poursuivi mes études à l’école des Sœurs de Fenoarivo jusqu’à la sixième. Après, comme SOS Village a réussi à se doter de ses propres établissements scolaires primaires et secondaires, je suis revenu à Vontovorona pour continuer mes études jusqu’à l’obtention de mon BEPC. Les classes de seconde, première et terminale, je les a suivies dans la capitale grâce à la présence d’un foyer de jeunes du centre à Andrainarivo. J’ai décroché mon baccalauréat série C durant l’année scolaire 2007-2008, après avoir redoublé en Terminale.
.A quel stade de votre vie le centre ne s’est-il plus occupé de vous ?
– Une fois que j’ai eu mon premier job. Après le bacc, ce décrochage du centre s’est fait progressivement. Cela n’a été définitif que lors de mon embauche au sein d’une société à Fianarantsoa, après que j’ai obtenu ma licence en 2012. De là, j’ai décroché mon ingéniorat en agroalimentaire par mes propres moyens et obtenu un poste de responsabilité grâce à ce diplôme, toujours au sein de la société qui m’a recruté pour la première fois.
.Que pensez-vous de l’intérêt d’un tel centre à Madagascar ?
– Grâce à la présence d’un tel centre, les nécessiteux ne sont plus à la charge de la société, encore mieux, ils participent au développement du pays. Une telle initiative mérite d’être encouragée et épaulée, voire réalisée à grande échelle. En ce qui me concerne, j’aide déjà de mon mieux des membres de ma famille, sans oublier les enfants de SOS Village.
Propos recueillis par Sera R